La fin des paradis fiscaux?

Publié le par Maldoror

Ce sont les trous noirs de la finance mondiale. Et l'une des causes de la crise boursière actuelle. Les paradis fiscaux sont aujourd'hui dans le collimateur des gouvernements. Réunis mardi 21 octobre, à Paris, 17 pays de l'OCDE ont décidé de s'attaquer au problème. Mais le chemin s'annonce long et difficile.

Ils sont dans la ligne de mire. Qui ça ? Les paradis fiscaux pardi!

Mardi 21 octobre s’est tenue une réunion sur le sujet, à Paris. Dix sept pays de l'OCDE étaient présents. Avec un mot d’ordre clair : haro sur ces pays merveilleux. Des menaces de rétorsion ont été brandies faute de progrès en matière de transparence et d'échanges d'informations. Crise financière oblige. Il s'agit de réformer le capitalisme. Et donc ces recoins obscurs de la finance mondiale qui favorisent la fraude et l'évasion fiscale.


Pourtant, officiellement, seuls 3 pays figurent sur la « liste noire » de l’OCDE. Le Liechtenstein, Monaco et Andorre. Elle en comptait 27 au départ.

Une fonte des neiges qui n'a rien de glorieux. Une simple promesse suffisait pour en sortir. La main sur le coeur, la larme à l'oeil et le tour était joué. Un paradis fiscal redevenait un paradis tout court. C'est là une première difficulté pour les gouvernements: réactualiser les membres de ce club très fermé.

Beaucoup de pays ont été évoqués: les Bahamas, les îles Caïmans, les îles Vierges britaniques, les îles Samoa, notamment. Et même quelques destinations plus « respectables » comme la Suisse, le Luxembourg et l'Autriche.

Pourtant, il faudra au préalable tomber d'accord sur une définition claire et précise de ce qu'est un paradis fiscal. Pas évident. Quand parler de paradis fiscal? Où mettre le curseur en matière de faible fiscalité, de secret bancaire et d'opacité du système financier? Chaque pays a sa propre idée sur la question. Le défi politique est donc de taille. Mais pas insurmontable.

Au total, selon Transparency International France, il y aurait une cinquantaine de paradis fiscaux dans le monde. Dans lesquels, à l'ombre du secret bancaire, prospèrent plus de 400 banques, deux tiers des 2000 « hedges funds » (fonds spéculatifs) de la planète et près de 2 millions de sociétés écrans. Sans oublier les quelques 10 000 milliards de dollars d'actifs financiers qui y seraient gérés. Soit plus de 4 fois le PIB français.


Des chiffres qui donnent le vertige. Et imposent une réforme urgente de ces territoires offshores. Car ces paradis tiennent plutôt de l’enfer. L’enfer de la crise financière. L’enfer du blanchiment d'argent. L'enfer de l'évasion fiscale.

Par leur absence de règles prudentielles en matière bancaire et boursière, ils favorisent la circulation très rapide de masse de capitaux considérables. Des centaines de milliards de dollars en perpétuel mouvement qui génèrent de l’instabilité financière. Ce qui a conduit in fine à la crise boursière et bancaire actuelle.


Ils sont aussi les royaumes de l'évasion fiscale. Les riches particuliers y cachent leur argent pour échapper à l'impôt. Tout comme les entreprises. Ce qui constitue autant de recettes fiscales qui ne serviront pas à la construction d'écoles, de routes, d'hôpitaux...etc

Enfin, les territoires offshore servent au blanchiment d'argent sale. Les réseaux criminels (mafia, terrorisme) peuvent y placer leurs petites économies en toute sécurité. Des économies qui peuvent alors être réinvesties dans les circuits légaux de l'économie. Sans autre difficultés qu'une simple signature.


Pour autant, aussi nuisibles soient-ils, les paradis fiscaux ne restent que des outils. Des outils redoutables et bien mal utilisés. Mais une arme n’a jamais tué personne sans quelqu’un pour appuyer sur la gâchette.

 Et c’est là où le bât blesse. Ce qui explique probablement le laxisme passé dans la chasse à ces paradis. Car tout le système mondial en profite. Les entreprises, les riches particuliers, les Etats aussi. Pour le financement d'opérations militaires délicates, par exemple. Ainsi, chaque grand Etat, chaque grande économie possède son paradis fiscal attitré.

Une liste savoureuse révélée par le collectif ATTAC, dans un rapport publié au printemps 2007: « Paradis fiscaux et judiciaires: cessons le scandale !».


La France utilise Andorre et Monaco, voire la Suisse. Les Britanniques préfèrent les îles anglo-normandes et les territoires de la Couronne répartis à travers le monde. L'Italie, elle, s'adresse à la principauté de Saint Marin. Quant aux Etats-Unis, ils ont leurs habitudes aux Barbades et au îles Caïmans.


Dans ces conditions, toute réforme profonde s'annonce longue et périlleuse. Et les promesses des gouvernements pourraient bien mener vers des paradis... artificiels.

Publié dans Economie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article